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En tant que membres de la sagasphère, on est quand même tous une bande de gros geek. Loin de mois l’idée de présenter cela comme un défaut, mais aussi petite soit-elle, la sagasphère représente une fraction bien réelle de cette culture née avec l’explosion d’Internet. Il est donc normal qu’en retour, cette culture influence plus ou moins fortement l’univers des créateurs et créatrices de sagas mp3, par exemple au travers des jeux vidéos. Après nous être penchés sur le cas de World of Warcraft et Doom dans les chroniques portant respectivement sur World of Lowcraft et Luigi au Pays de Doom, intéressons-nous aujourd’hui à une autre pierre angulaire du monde vidéoludique, à savoir Half Life, à travers son équivalent sagasphérique : Hard Life, de Simontheb.
Analyse de la saga
Hard Life est une saga mp3 parodiant le premier opus de la série Half Life sortie entre août 2007 et juin 2009 et est depuis abandonnée, après 6 épisodes (dont une bande annonce) et un bonus. Elle met en scène Gordon Freeman, un scientifique travaillant dans le département des matériaux anormaux au laboratoire secret de Black Mesa. Alors qu’il effectuait une simple analyse sur un échantillon mystérieux reçu par le laboratoire, rien ne se passe comme prévu et une faille dimensionnelle s’ouvrit, laissant s’échapper de dangereux aliens qui commencèrent à assassiner les membres du centre de recherche. Accompagné de ses amis et collègues Shepa Dambek, militaire chargé de la protection du laboratoire, et Barry Cadey, expert en informatique dans ce même laboratoire, il va tenter de se frayer un passage au milieu du chaos qui grandit dans les couloirs tortueux de Black Mesa et ainsi pouvoir s’échapper.
Hard Life peut convenir à 2 types de public : les amateurs du jeu d’origine et les afficionados de sagas nanardesques. Faisant personnellement plutôt partie de la seconde section, car n’ayant jamais joué à Half Life, mes quelques connaissances sur le jeu glanées ici et là m’ont permis de constater que la parodie semble assez fidèle au jeu, avec cependant l’ajout des personnages de Barry et Shepa, absents de l’histoire officielle mais dont la présence évite au personnage de Gordon de s’exprimer uniquement par monologue.
Mais fidélité n’équivaut pas à parodie réussie, encore faut-il rendre le tout drôle et intéressant à écouter. Le ton de la saga est assez étrange, souvent très premier degré, avec beaucoup de jargon scientifique. Cependant, il faut prendre en compte l’âge de l’auteur au moment de l’écriture, qui était plus ou moins à la fin du collège. Ainsi, le décalage entre ce qui semble être une analyse scientifique très poussée à cet âge là et l’impression qu’on ressent à l’écoute avec quelques années de recul supplémentaires donnent à la saga un côté nanardesque assez savoureux (et pas besoin d’un doctorat en physique nucléaire pour s’en rendre compte). En effet, l’auteur assume totalement le blabla scientifique, avec l’utilisation de formules savantes qui font très “je vais caser mon cours de physique de niveau 3ème de M. Delanoix pour faire scientifique” qui ne font pas illusion bien longtemps et renforcent le côté comique bien involontairement.
Cependant, tout l’aspect humoristique du jeu ne repose pas uniquement sur le texte au premier degré (d’autant que ça deviendrait vite ennuyeux). Si les personnages de Barry et Shepa manquent parfois un peu de saveur, Gordon compense largement avec sa forte présence et son côté arrogant qui le rendent très drôle. Cela est rendu possible par le jeu d’acteur énergique et confiant de Simontheb, qui là aussi compense l’interprétation souvent un peu trop discrète d’Enalf et Draknar pour les rôles secondaires. En outre, les amateurs d’humour basé sur le bourinnage à l’ancienne (type Duke Niké saison 1) devraient y trouver leur compte. De plus, l’auteur connaît suffisamment bien le jeu pour en pointer les absurdités et créer des situations comiques, avec notamment quelques passages bien trouvés en réutilisant les voix issues du jeu d’origine. Pour finir, le travail sur le son est assez réussi, les ambiances du laboratoire avant et après la catastrophe sont bien réalisées et suffisamment détaillées, les prises de son sont propres… Bref, une véritable performance, surtout pour une première création.
Cote de rareté : Pièce de collection
Après avoir eu un petit écho lors de sa sortie, la saga n’a pas survécu longtemps à la fin de l’activité sagasphérique de son créateur et on a perdu sa trace avec la fermeture du site web. Depuis, seuls quelques rares inité(e)s gardent jalousement les quelques fichiers mp3 restant dans leur sagathèques personnelles et suivent du regard avec un rictus méprisant la bleusaille qui n’a jamais mis l’oreille sur une telle rareté.
Vous pourrez retrouver les épisodes de la saga Hard Life via ce lien.
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