Découverte Phonique n°32 – Le Néther de Jennifer Haley

Le Néther de Jennifer Haley
58min, publiée sur France Culture en mars 2015 puis republiée en octobre 2016.
https://www.franceculture.fr/emissions/fictions-samedi-noir/le-nether-de-jennifer-haley

« Dans un futur proche, Internet est essentiellement accessible non plus par le Web, mais par le Néther, un univers virtuel immersif composé d’une multitude de mondes virtuels thématiques. Les humains du monde réel peuvent y piloter des personnages et, sous cette apparence, interagir avec d’autres personnages virtuels, pilotés par d’autres humains du monde réel.
Sims, un homme d’âge moyen, est enlevé par une milice autonome sur le motif d’y offrir, sous le pseudonyme de Papa, la possibilité à des pédophiles d’assouvir leurs pulsions et leurs fantasmes sexuels sur des enfants virtuels. La pièce déroule les interrogatoires successifs dans lesquels l’agent Morris – une jeune femme appartenant à cette milice qui cherche à moraliser le Néther – veut faire avouer à Sims l’emplacement de son serveur informatique, tandis que ce dernier est bien décidé à résister et à mettre Morris face à ses contradictions.. »

Ainsi, dans cette fiction d’anticipation, c’est sur un « internet en 3d » que les gens surfent, une peu à la manière de certains récits de cyberpunk comme Inner city et Slum city de Jean-Marc ligny, ou Netforce de Tom Clancy, et je ne parle que de ceux que je connais. D’une manière générale, cette idée d’un Internet en 3D est très présente entre les années 1980 et 2000, #RememberSecondLife. C’est toutefois un internet des réseaux, des flux qui a pris le devant, et nous n’avons pas de « basse réalité » et « haute réalité » superposées l’une sur l’autre, comme des univers parallèles. Ces termes sont issus des romans de JM Ligny désignant respectivement réalité vraie et réalité virtuelle. Il est amusant de noter que le terme de bas, donc d’impur, est lié à la vraie vie, et le haut est lié au virtuel.

Refermons cette petite parenthèse et revenons à notre découverte. Nous avons affaire à un mix entre deux huis-clos, celui de la vraie vie véritable que c’est pas du faux, à savoir les interrogatoires de Sims par l’agent Morris, et les séquences dans le Néther. Et quelles séquences ! En effet, Sims, alias Papa dans le Néther, possède un serveur informatique qui héberge une maison de passe dans le Néther, où nous trouvons de gentilles petites filles. Nous avons donc le nœud de l’intrigue :
– Sur le Néther : est-ce que se perpétuent dans ce (non-)lieu des relations pédophiles ? Un acte pédophile, et en élargissant (sans arrière pensée salace), un acte criminel est-il répréhensible s’il est commit virtuellement ? En effet, dans cette maison, il y a un rituel de mise à mort de l’enfant par le client. Ces scènes, se situant dans le Néther où tuer ne donne pas la mort IRL donnent des dialogues pour le moins originaux.
– Dans la vraie vie que c’est pas du faux : qui sont les employées de Papa ? sont-elles également des enfants ou sont elles majeures ? Et d’ailleurs, sont-elles des femmes ? …

Les deux mondes étant reliés, les séquences dans et hors du Néther, se répondent, l’enquête policière se situent sur deux plans, et les interrogatoires amènent sans cesse d’avantages de questions que de réponses. Voici un extrait qui parle du pouvoir de l’image :
« Sims : ce ne sont que des images et c’est sans conséquences […]
Agent Morris : Les images, les idées, c’est ça qui crée la réalité » 26° minute, la suite de la discussion est très intéressante également.

Bref, amateur d’anticipation sociale et de cyberpunk, éteins ton écran et écoute Le Nether ! Heu… pense à télécharger le fichier avant d’éteindre ton écran !

SilverSon

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