Si vous êtes né à l’aube du millénaire comme bon nombre de nos lecteurs, vous faites partie de cette génération née dans l’insouciance, dans un monde où la démocratie et l’ordre mondial actuel sont des choses naturelles, vaguement conscients que quelque-chose va mal mais sans pouvoir mettre le doigt dessus… 1789, Cuba, mai 68, les révolutions ne sont que vos notes de cours et de bons sujets de film, mais une chose du passé pour vous. Du moins jusqu’au début de cette décennie : révolutions du “printemps arabe”, coups d’États, émeutes du plus en plus violentes aux États-Unis, guerre civile syrienne, l’ordre mondial perd chaque jour un peu plus de sa crédibilité.
C’est dans ce contexte que sort STEGMA en 2012, dans le cadre du concours (remporté haut la main) de saga de l’été. Mais avant de s’intéresser à la saga de la semaine, un bref topo sur son inspiration majeure : 1984 de George Orwell, paru au Royaume-Uni en 1948 (facile à retenir !) c’est à dire après la fin de la seconde guerre mondiale. Le roman décrit une Angleterre sous le gouvernement totalitaire Angsoc, où le citoyen vit dans la peur permanente d’être “effacé” (comprenez enlevé et supprimé des registres) et où le Parti (ça sonne familier non ?) à un contrôle total sur les mentalités grâce à la Novlague et les médias. Dans le 1984 d’Orwell, le monde est très flou, car peu de détails entrent en Angleterre, tout ce que le peuple connait de l’extérieur est l’Eurasia et l’Estasia, l’un ennemi l’autre allié à tour de rôle au fil des conflits perpétuels. Entre manipulation des masses et enlèvements policiers, il semble quasiment impossible de se débarasser du gouvernement… quasiment !
Ces détails en tête vous pouvez à présent apprécier STEGMA comme ce qu’elle est : une réécriture brillante et actualisée de l’oeuvre d’orwell. Contrairement a ce dernier, Destrokhorne place l’action aux alentours de 2020, et le monde est encore tel qu’il est hormis le gouvernement totalitaire qui règne aux États-Unis cette fois : des émeutes et attentats ne font qu’ajouter au climat de terreur instauré par le gouvernement, pour lequel travaille le héros. Son job au ministère de l’Histoire : “corriger” les documents d’archives pour qu’ils soient cohérent avec la “réalité”. Lorsque son département reçoit le dossier STEGMA, entre les employés qui disparaissent et les explosions qui manquent de le tuer, le monde infaillible auquel il est habitué se désagrège de jour en jour… L’histoire captivante, plus accessible à ceux qui ne veulent pas (pour des raisons qui m’échappent…) lire le roman, le mixage et la narration fluide en font une saga rapide à écouter (compter une après midi environ) et captivante.
Seul bémol : certaines voix gâchent l’immersion par un jeu d’acteur terrible, ce qui s’explique par le fait qu’il s’agit de la première saga dramatique de Destrokhorne. La saga est terminée, disponible avec un making-of (attention! Spoilers de 1984) sur l’orchestre de l’humour
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