Le vieux baladeur n°21 : Galaxii

« – Un drapeau belge ? Serait-ce là un funeste avertissement du destin ?
– Pourquoi dites-vous cela, McCain ?
– Serions-nous destinés à disparaître après s’être entretués ?! »
Galaxii – Épisode 5

Statistiquement, la probabilité qu’une saga ne soit jamais achevée est bien plus grande que celle qu’elle connaisse une vraie conclusion. Les chances qu’un créateur ou une créatrice répète cet exploit plusieurs fois sont encore plus minces. Alors se renouveler d’une saga à l’autre, pensez donc… Et pourtant, défiant la loi des séries et la sécurité rassurante de leur zone de confort, il arrive que des miracles surviennent et que des auteur se subliment dans des genres où on ne les attendait pas. Intéressons-nous à l’une de ces perles, la très injustement sous-estimée Galaxii, par Melfice737 et Fenmarel.

Analyse de la saga

Galaxii est une saga mp3 de science-fiction humoristique, diffusée entre décembre 2007 et février 2010. L’histoire se déroule sur Terre, après l’élection du nouveau président des États-Unis d’Amérique (qu’on appelle simplement “Monsieur le Président”). Alors qu’il effectue une petite visite dans la fameuse Zone 51, une gaffe du Vice-président McCain les expédie tous les deux dans l’espace, accompagnés par Max, le militaire chargé de les guider, à bord d’un vaisseau spatial extra-terrestre. Désorientés, embarqués dans une construction dont ils ignorent tout, il vont alors tout mettre en œuvre pour revenir sur Terre et prévenir l’humanité du danger qui la guette.

Cette saga est une véritable énigme pour moi. Bien qu’amateur des autres sagas de Melfice telle que Saison ZERO  ou Dark Rooms, je dois admettre que c’est parfois leur côté un peu nanard qui me les rend sympathique et que le style est parfois un peu lourd. Dans Galaxii, aucune réplique ne semble naturelle, ce qui est accentué par l’interprétation légèrement surjouée. Cependant, cela donne à l’ensemble de la saga un ton décalé, une ivresse verbale maîtrisée qui donne à toute l’histoire un air d’hallucination collective, où touts les personnages partageraient le même songe.  Et cela peut paraître surprenant, mais ce dérapage contrôlé fonctionne à merveille, on a presque l’impression d’assister à une pièce de théâtre plutôt qu’à une saga mp3 (on le sent d’autant plus dans les références glissées ça et là). Je ne sais pas si ce style, totalement unique dans la sagasphère à mon humble connaissance, était intentionnel ou non. Si ce n’est pas le cas, ce n’est pas grave puisque ça fonctionne, et sinon, j’applaudi des deux mains pour ce coup de maître.

Bannière de la saga Galaxii

Mais comment diable un telle révolution dans le style de de Melfice a-t-elle pu se produire ? La réponse tient en un pseudonyme : Fenmarel. Arrivé en tant que scénariste à l’épisode 3, on sent tout de suite la rupture avec les deux premiers épisodes, même si ceux-ci ont connu une nouvelle version par la suite. Tout au long de l’histoire, son texte distille des absurdités qui, comme un joyeux orchestre foutraque, accordent leur bizarrerie pour créer une symphonie endiablée et jubilatoire. Sans en faire la liste complète, on peut citer l’exemple de l’épisode 6, où la quasi totalité des dialogues sont constitués de références à des pièces de théâtre classique, du running gag sur la réplique “Vous êtes bien naïf, terriens !” ou encore des extra-terrestre cocassement nommés Antikhorr Vön Globhul (dit le Blanc), Hémorrhagie Vön Globhul (dit le Rouge) ou encore Zwidezlii (je ne sais pas pourquoi ce nom me fait toujours rire). Galaxii est de ces sagas pour lesquels même si l’histoire est plaisante, elle devient presque secondaire, un peu comme dans les films de Quentin Tarantino. C’est d’ailleurs assez paradoxal, car même si la saga est très drôle, l’humour employé est souvent noir et  l’histoire elle-même est loin d’être joyeuse et se conclue sur une note plutôt lugubre (que je me garderai de révéler).

Et pour terminer, une fois n’est pas coutume dans cette chronique, la réalisation est tout à fait satisfaisante. Melfice met en effet en application ce qu’il a appris dans ses précédentes réalisations et propose une histoire réellement plaisante à écouter. Comme dit plus haut, le jeu est assez exagéré, mais cette fois, cela participe au ton décalé de la saga et lui donne du caractère et de la personnalité. Cette interprétation est même plus qu’honorable est participe au côté attachant des personnages principaux.

Dans une galaxie de sagas mp3 qui se prenne parfois un peut trop au sérieux, Galaxii est donc sans aucun doute un arrêt obligé dans votre parcours d’auditeur et sans aucun doute parmi mes meilleurs coup de cœur depuis que je m’intéresse à ce formidable média.

Cote de rareté : Rare

Melfice est l’un de ces nombreux créateurs ayant eu leur heure de gloire il y a quelques années qui n’ont ensuite plus donné signes de vie. Si la saga a connu un certain succès à sa sorti, le fait que le site dédié ait disparu il y a quelques années à participé à son oubli progressif.

Vous pourrez retrouver les épisodes de Galaxii via ce lien.

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