La quinte juste n°16 : Philippe Katerine

Bonjour / bonsoir et bienvenue à toutes et à tous pour ce nouveau numéro de La Quinte Juste. Je regarde tous les précédents numéros de cette chronique, et c’est vrai qu’on a pas encore parlé de français là-dedans. Quelques gens m’ont fait cette remarque, et quand je leur répond que quand un français fait un album concept c’est n’importe quoi, ça ne me croit pas. Bah vous savez quoi, pour le numéro d’aujourd’hui, je vais vous montrer ce qu’il se passe quand un français fait un album concept, parce que c’est… euh… glorieux.

Petit disclaimer, oui je sais qu’il existe des artistes français sérieux qui ont fait des albums concepts plus ou moins sérieux (arrêtez de me spammer avec mr. yéyé s’il vous plaît), mais je ne peux vous parler que de choses que je connais bien, donc pour le moment on va parler de l’album Philippe Katerine de Philippe Katerine.

 

Cet album paru en 2010 est un album concept abstrait polysémique, qui à première vue semble juste être une honteuse farce, mais qui en réalité cache un sens caché intéressant, qui a d’ailleurs fait un peu polémique à sa sortie. En quoi cet album est-il une farce ? Hé bien la musique est simpliste, les paroles débiles, et même les mimiques du chanteur Katerine sont ridicules. On y apprend entre autre que la reine d’Angleterre nous chie à la raie car “Le monde est ainsi fait”, qu’il vaut mieux manger des bananes plutôt que de se bouger, que les enfants c’est CHIANT, que Windows c’était mieux avant, j’en passe et des meilleures.

 

Mais malgré tout ce bric-à-brac chaotique, il y a effectivement un sens caché dans tout ça. Cet album est en effet encore un album autobiographique (en ce moment je suis à fond sur les albums autobiographiques), qui parle d’un thème que l’on a déjà vu dans cette chronique, la vie, ou plus précisément, le chemin de la naissance à la mort. Si on arrive à percer la première couche de débilité, on peut en vérité se rendre compte que chacune des pièces de l’album correspond à une tranche d’âge. La première pièce, “Je m’éloigne d’autant que je m’approche”, correspond à la naissance. Le titre de la pièce le décrit très bien, je m’éloigne de l’utérus d’autant que je m’approche du monde extérieur. La plupart des pièces sont ensuite à double-sens, par exemple la pièce “Liberté” est à première vue dénuée d’intérêt, mais décrit en fait l’adolescence et l’âge rebelle. L’avant-dernière pièce, “Musique d’ordinateur”, est plus subtile. Le jingle d’un vieil Windows XP est utilisé en sample dans ce morceau, et il s’agit en réalité du son de fermeture de l’ordinateur, comme la fin de la vie d’une personne. De plus, il s’agit clairement d’un vieil ordinateur, rappel donc à l’âge avancé d’une personne en fin de vie. On pourrait passer des heures à analyser chacune des pièces (si on a le courage de les écouter pour commencer), car en effet elles ont toutes leur propre signification quant à la thématique de l’album.

 

Bon, comme je l’ai dit plus haut, c’est sûr que musicalement on a vu mieux. Certaines constructions musicales sont intéressantes, comme “Musique d’ordinateur”, mais dans la globalité cet album est provocateur, osé, et ridicule. Cependant, la thématique de la vie est effectivement présente dans l’album, et si l’on se penche un peu sur la construction, elle est en réalité amenée de manière extrêmement intelligente. Pour commencer, plusieurs membres de la famille de Katerine ont participé à cet album, notamment son père, sa mère et sa fille , si l’on regarde les clips. Viennent le rejoindre son oncle et sa tante, ses cousins et ses neveux ; tout cela vient enrichir l’aspect autobiographique de l’album, tout en collant parfaitement à la thématique. De plus, au fil de l’album, Katerine chante de manière différente. Au début, il prend vraiment une voix ridicule et aigue, censée représenter celle d’un enfant. Puis, plus on avance dans l’album, plus il se met à chanter grave, pour arriver à un timbre presque solennel dans les dernières pièces.

Cet album a donc tellement de facettes que je pourrai en parler pendant des heures, alors qu’à première vue il semble tellement simpliste et ridicule, ce qui prouve en réalité l’intelligence de Katerine. Je vous invite donc à l’écouter, si vous en avez le courage. Je vous conseille de l’écouter une première fois en vous marrant un bon coup, puis de le réécouter en essayant d’analyser les intéressantes constructions qui le peuplent.

Je m’excuse de l’absence de vidéo ici. L’album est introuvable dans sa version complète (24 pièces) en ligne, il va falloir donc que vous cherchiez par vous-même.

One thought on “La quinte juste n°16 : Philippe Katerine

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *