Le vieux baladeur n°13 : Les terres abandonnées d’Arildis

Le genre dit du planet opera est un type de fiction assez peu exploré et pourtant recelant d’une grande richesse. Comme le space opera, ou plus simplement la science-fiction, elle permet de “refaire le monde” en transportant des questions qui nous concernent tous (la mort, le passage à l’âge adulte, l’amour) sur une planète exotique et inconnue et permet ainsi de les aborder sous un angle nouveau ou de les caricaturer pour mieux en critiquer les travers. Cependant, les deux genres se différencient par le fait que le premier peut se dérouler dans un monde futuriste (ex : Le Cycle de Dune) ou peu avancé technologiquement (ex : John Carter) contrairement au premier mais également par le fait qu’un planet opera va se concentrer principalement sur la découverte d’un monde hostile et encore sauvage aux cultures variées plutôt que sur les voyages spatiaux. Et malgré le grand intérêt de ce type d’œuvre, la saga mp3 ne fait pas exception et assez peu d’auteurs se sont frottés au genre. Parmi ces quelques contre exemple, on compte Les terres abandonnées d’Arildis d’Asmoth, qui fera l’objet de l’article d’aujourd’hui.

Analyse de la saga

La saga Les terres abandonnées d’Arildis est une saga mp3 de style humoristique se déroulant dans un univers de fiction créé par son auteur Asmoth. Elle comporte 4 épisodes sortis entre 2007 et 2008, mais la saga est déclarée comme étant en pause. On découvre les deux frères Faldir et Ralek juste après leur expulsion des Terres d’Erimlen et alors qu’ils sont poursuivis par une mystérieuse et puissante armée rasant tout sur son passage. Alors que Faldir fait tout son possible pour prévenir les habitants du désert d’Arildis du danger et trouver un moyen d’empêcher l’armée de détruire le monde, son frère Ralek profite de la situation pour amasser le plus d’argent possible. Après un long périple seuls, les deux frères arrivent enfin en vue d’un campement où ils espèrent trouver de l’aide.

Les terres abandonnées d'Arildis

Même si on a affaire à un univers sans haute technologie, avec des épées, des tavernes et des alchimistes, c’est le caractère exotique de l’univers désertique des terres d’Arildis qui range la saga dans le genre du planet opera. Avec ses étendues hostiles et infinies, ses camps de nomades parcourant le désert, ses pillards et sa géographie encore incertaine, on sent que l’histoire du monde dans lequel se déroule la saga n’en est encore qu’à ses débuts. En outre, la menace constante de l’avancée irrépressible de l’armée ainsi que cette ambiance de mort au milieu du désert fait régner dans l’air une atmosphère de fin du monde, mais qui est assez agréable et pas du tout pesante (un peu comme le ferait le dernier Mad Max). Cette plongée grisante dans l’inconnu est une véritable réussite qui contribue grandement à la sensation d’immersion dans l’univers.

Le charme de la saga tient également à ses deux personnages principaux qui, il faut l’avouer, sont extrêmement attachants. Le contraste entre Faldir, jeune homme responsable et très concerné par le sort du monde mais qui ne sait pas exactement comment s’y prendre, et Ralek, aisément râleur et grognon (sûrement une extension d’Asmoth dans sa création :D) et bien plus soucieux de son propre bien-être que de celui de ceux qui l’entourent, donne lieu à de nombreuses disputes, mais qui n’affectent pas leur solidarité fraternelle. Ainsi, tout le monde pourra se projeter à un degré divers dans leurs chamailleries constantes. Et en plus d’être assez sympathiques, les deux frères sont très drôles, particulièrement Ralek qui possède un talent particulier pour les répliques assassines. Cette saga mélange ainsi de l’humour absurde (le monologue de Ralek sur le Dieu des Cactus me fait toujours mourir de rire) et du comique de situation bien dosé qui rend le tout absolument irrésistible. Et comme si cette saga n’avait pas encore assez de qualité, son histoire s’éloigne enfin de la Structure Ordinaire de Création. Le but des personnages est plus complexe que retrouver un objet ou une personne en particulier, les personnages rencontrés ont leurs propres intérêts et le tout donne de la profondeur à l’histoire même si l’humour rend l’ambiance assez légère.

Enfin, nombre d’entre vous connaissent le travail actuel d’Asmoth dans le podcast Les Sondiers et savent donc qu’il s’intéresse depuis longtemps aux questions de prise de son. Même si le son parfois un peu étouffé des voix trahi le fait qu’il en était encore à ses débuts, la qualité de cette saga est très propre, sans artefacts désagréable et avec une mise en scène très réussie (bon, il faut aussi admettre que recréer l’ambiance sonore d’un désert n’est pas l’exercice le plus complexe). La saga se paye également le luxe d’avoir une musique composée spécialement pour la saga, en l’occurrence l’hymne punk de l’armée s’apprêtant à détruire le monde, et c’est un plus non négligeable.

Cote de rareté : Courant

Le site originel est encore là avec tous les épisodes et il est également accessible depuis le site actuel d’Asmoth. La saga est quelque peu tombé dans l’oubli, mais une fois l’EP sorti, qui sait ?

Vous pourrez retrouver les épisodes de la saga Les terres abandonnées d’Arildis sur le site internet du créateur.

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