Le vieux baladeur n°10 : La relique du Mont Courroux

Voici venu l’heure de notre dixième chronique, cher lecteur. Et pourquoi ne pas profiter de la rondeur parfaite de ce chiffre pour se lancer dans un premier bilan de votre rubrique spécial vieillerie. La première constatation est que ce rendez-vous bihebdomadaire m’amuse beaucoup. Je suis toujours enjoué à l’idée de partager avec vous mes petites trouvailles récupérée dans les tréfonds de l’internet et une bonne partie des deux semaines qui séparent chaque publication est consacrée à la recherche de LA bonne saga qui va vous surprendre. J’essaie de varier les registres, d’accompagner mes présentations d’anecdotes intéressantes qui me permettront de mettre la saga en perspective ; bref, je m’amuse comme un petit fou sur un sujet que j’adore et ça, ça ne peut présager que du bon pour l’avenir.

Ensuite, certains d’entre vous auront peut-être observé une évolution entre la ligne éditoriale originale du Vieux Baladeur et son état actuel. En effet, si l’objectif d’origine était de présenter les sagas peu connues ou anciennes (encore que cette dernière caractéristique soit difficile de définir), j’ai progressivement décidé de me consacrer uniquement aux saga anciennes dont le temps a progressivement effacé la trace. Mon amour pour le chinage et le plaisir que j’ai à faire découvrir des perles oubliées à celles et ceux qui découvrent la sagasphère y sont sans doute pour beaucoup mais j’aime également l’idée de savoir que ces créateurs et créatrices n’ont pas travaillé pour rien et que mon modeste travail pourra peut-être leur donner une petite reconnaissance post-mortem. Et pour ce dixième numéro, j’aimerais évoquer une saga qui d’une part entre parfaitement dans cette définition et d’autre part fait partie de mes sagas favorites : La relique du Mont Courroux, par Aravane.

Analyse de la saga :

La relique du Mont Courroux est une saga semi-sérieuse d’heroic-fantasy se déroulant dans un univers créé par son auteur. Elle comporte 19 épisodes dont la diffusion s’étale entre décembre 2008 et octobre 2012 mais dont la production est désormais à l’arrêt. L’histoire met en scène Ernest de la Maison vide, un chevalier issu d’une famille noble, déchu de son rang après avoir failli à sa mission, à savoir protéger une mystérieuse relique faisant partie de l’héritage familial. Le seul moyen qu’il aura de gagner son honneur sera de se mettre en quête de l’objet. Il recrutera Asnihilit, un assassin sans scrupule, et Spontix, un voleur plein de bonne volonté mais en plein apprentissage, pour l’assister dans son périple. Mais au cours de ses pérégrinations, Ernest réalisera progressivement que la relique qu’il cherche est porteuse d’une valeur bien plus grande que celle d’un simple héritage familial. Il devra alors se confronter aux forces les plus puissantes des Terres inconnues qui voudront elles aussi mettre la main sur l’objet.

“Encore la Relique ?!”, crieront avec raison mes petits camarades de longue date dans la sagasphère. Mais je ne peux pas m’en empêcher, j’ai une affection toute particulière pour la relique du Mont Courroux (ou RDMC pour les intimes), qui tient autant à son style et son univers qu’au destin injuste qu’elle a subit. Elle incarne parfaitement l’exemple d’une œuvre qui avait tout pour réussir mais qui n’a pas trouvé son public à temps, n’a jamais vraiment décollé, ce qui a fini par décourager le créateur (je vous renvoie donc à la chronique de mon camarade Grushkov pour que ce genre de situation ne se reproduise plus). Mais trêve d’anecdote personnelle, faisons comme si vous ignoriez que j’en parle pour la trentième fois au moins.

Bannière de La relique du Mont Courroux

Quiconque a apprécié les fresque épiques telles que Le Seigneur des Anneaux, Les Chroniques de Krondor ou La Légende de Hawkmoon tombera rapidement sous le charme du scénario profond et méticuleusement travaillé de cette saga. On y trouve tous les ingrédients nécessaires à la réussite d’une épopée. Les amateurs de nains, elfes, morts-vivants et géants en seront pour leurs frais et la dimension épique que prend l’histoire à mesure que les forces du mal se dressent face aux protagonistes est contrastée avec son style labyrinthique. C’est une histoire à tiroir, où les enjeux se recoupent, se croisent et s’imbriquent entre eux comme des pièces de puzzle. L’histoire évolue tout en subtilité et cela la rend plus réaliste, on découvre les enjeux avec les protagonistes plutôt que de se trouver devant le fait accompli. Ainsi, au fur et à mesure, les antagonistes ne se révèlent pas aussi maléfique qu’il semblait et les alliés ne semblent pas animés d’aussi bonnes intentions qu’on pouvait le penser. Cette progression tout en révélation et en rebondissement, sans toutefois tomber dans le deus ex machina, rend l’histoire captivante. Un reproche récurrent à propos de cette saga porte sur la lenteur des évènements, mais c’est selon moi une bonne chose car cela permet à l’ambiance de s’installer et de mettre en place ces différents évènements d’une manière qui ne soit pas brouillonne. En outre, voir des personnages douter et se questionner sur ce qui leur arrive rend le tout beaucoup plus proche de la réalité qu’une saga où tous les personnages comprennent de quoi il retourne en une fraction de seconde.

L’atmosphère et le soin apporté à l’univers est l’autre grande force de la saga. La saga est parsemée de petites explications sur l’histoire des villes et des contrées traversées, de descriptions sur la culture et les us et coutumes des peuples rencontrés, voire de poèmes ou de chansons qui illustrent la diversité culturelle des Terres inconnues. Loin de perturber l’action, ces passages sont insérés subtilement au détour d’un dialogue. Au contraire, cela contribue immensément à la sensation d’immersion dans l’histoire et lui donne un caractère unique, plutôt que de ressasser les clichés du genre. On sent que ce monde a vécu avant notre arrivée, qu’il a été façonné par différents évènements et leurs conséquences et que les actions des personnages doivent se faire en en tenant compte. Ce monde vit véritablement sous nos yeux, ce n’est pas juste un décors planté devant nous et qui sert de prétexte à faire avancer l’histoire. À cela s’ajoute un travail sur la mise en scène qui crée une atmosphère de mystère, où toute chose semble avoir un deuxième sens caché. Cela est renforcé par les références constantes à la magie et autres prophéties mystiques, et l’effet est très plaisant. Sans atteindre la complexité du travail de Tolkien, on sent que l’auteur a passé du temps à créer un monde riche et cohérent, et on ne peut que saluer sa réussite.

Mais malgré mon attachement certain pour cette saga, je ne peux pas passer sous silence certains défaut concernant l’habillage sonore et le jeu d’acteur. Les premiers épisodes sont en effets assez austères et avare en bruitages et musiques d’ambiance. Rien d’inécoutable, pas de pops ou de saturation, néanmoins la sensation d’immersion évoquées plus haut aurait sans doute gagné en travaillant un peu plus l’ambiance sonore. Quant au jeu d’acteur, pour les premiers épisodes, je dois bien admettre qu’il est un peu mou et ça transparaît particulièrement lors des scènes de combat (dommage pour une saga d’heroic fantasy). Il y a également des choix artistiques qui peuvent laisser perplexe, tels que les voix des personnages de Spontix et de Bidi. Cependant, dans les deux cas, les choses s’améliorent sensiblement à partir du sixième épisode. Concernant la musique, il faut souligner qu’elles sont à de rares exceptions composées par l’auteur. Mais même si elles sont sympathiques, elles sont en nombre assez limité et font plus office de jingle que de véritable bande originale, et elles ne vous procureront probablement pas une expérience musicale inoubliable.

Alors que cette chronique touche à sa fin, je me remets à espérer que cette saga ne s’achèvera pas sur cet affreux cliffhanger à la fin de l’épisode 19. Le destin de cette saga nous montre à quel point le sort tient à peu de choses. La relique du Mont Courroux est un incontournable du genre de l’heroic-fantasy en saga mp3, et même si son destin est malheureusement commun dans la sagasphère, on ne peut que le regretter lorsqu’il s’agit d’une saga aussi ambitieuse et réussie.

Cote de rareté : Courant

Le site est encore debout et Aravane a eu la bonté de créer des packs d’épisodes pour faciliter le téléchargement, donc pas d’excuse. En outre, mon fanatisme et la pub constante que je fais pour cette saga depuis que je l’ai découverte ont peut-être un peu aidé à la faire vivre malgré l’arrêt de la saga il y a 4 ans.

Vous pourrez retrouver les épisodes de la saga La relique du Mont Courroux sur le site des Archives MP3 et jeter un œil au site internet du créateur.

4 thoughts on “Le vieux baladeur n°10 : La relique du Mont Courroux

  1. On peut toujours espérer. Kiponie s’est arrêtée pendant 6 ans, alors 4 ans c’est encore de l’espoir. Je n’ai pas encore écouté, mais d’après la description que tu en as faite, cette saga à l’air top !

    1. Pour en avoir discuter avec l’auteur il y a quelques temps, il semble que ce soit des raisons personnelles difficiles à surmonter qui le poussent à arrêter, donc il y a peu d’espoir (mais un peu quand même).

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